Eradiquer le fléau de la mouche tsé-tsé en Afrique
LE MONDE 03.03.07
Chaque année, 400 000 personnes en Afrique meurent d'avoir été piquées par une mouche tsé-tsé. Environ 100 000 autres sont touchées par la maladie du sommeil. Cette "mouche de la pauvreté" coûterait également près de 4 milliards de dollars de manque à gagner agricole à l'Afrique en raison du bétail touché selon le Fonds des Nations unies pour l'alimentation (FAO).
Afin d'éradiquer ce fléau, une solution va être testée grandeur nature en Ethiopie. A Kaliti, village situé à 14 km de la capitale Addis-Abeba, a été inauguré, début février, le premier centre d'élevage de mouches tsé-tsé stériles. Un projet financé par l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) et la FAO.
Le principe ? Produire des quantités massives de mâles rendus stériles par irradiation. Ces colonies, relâchées dans une zone infestée, s'accouplent avec les femelles sauvages. Il faut dix fois plus de mâles stériles que de mâles féconds pour que le procédé, dénommé technique de l'insecte stérile (TIS), réussisse : le taux de reproduction de la population sauvage diminue alors et conduit à l'extinction. La méthode a déjà permis d'exterminer la mouche tsé-tsé sur l'île tanzanienne de Zanzibar en 1997, un projet financé alors par l'AIEA et l'OMS (Organisation mondiale de la santé).
Pour amorcer l'expérience éthiopienne une colonie de mouches a été constituée à l'institut zoologique de l'Académie slovaque des sciences à Bratislava. "Notre but est de fournir des mouches reproductrices aux centres d'élevage en cours d'installation en Afrique afin de réduire le temps nécessaire à la construction d'une colonie importante", explique son directeur, Milan Kozanek. Des étudiants kényans, tanzaniens et éthiopiens sont actuellement formés dans l'institut slovaque qui devrait cette année "accueillir d'autres pays africains désireux d'utiliser la TIS", signale M. Kozanek.
Le coût de cette technique n'est pas plus élevé que celui des méthodes chimiques, "sauf lors de son lancement, précise M. Kozanek, mais elle peut mener à une extinction complète si le pays coopère". Les freins à son développement restent cependant les faibles sources de financement et l'instabilité politique de certains pays africains. "Pour être efficace, une fois lancée, cette technique ne doit pas être interrompue sur une longue période", explique M. Kozanek. Dans les 37 pays africains concernés par le mal, le nombre de personnes exposées à la piqûre de la mouche tsé-tsé est estimé à 60 millions.
Stéphane Ballong
Je laisse à votre sens critique l' interprétation de ces données....