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Karibu!!! Invitation au partage, à une mise en question, à un échange, à une écoute, à une lecture plus approfondie des réalités qui nous entourent,à un enrichissement, et à tant et tant encore. Karibu. Je me réjouis de partager tout ça avec vous!!!! Rafiki

Saturday, December 23, 2006


Bonne et heureuse nouvelle année...


Cher RAFIKI
Cher(e) ami(e),
Dear friend,
Lieve vriend(in),
Liebe(r)Freund(in)
Caro amico, cara amica
Icuti yanjye,



Cela fera la quatrième fois que nous fêterons le début de la nouvelle année au Rwanda, le pays des 1000 collines, dans laquelle nous avons débarqué en septembre 2003.

Et c’ est donc depuis l'Afrique centrale que nos meilleurs vœux de bonheur, de santé, de joie et de tendresse s’ envolent vers vous au-dessus de la forêt tropicale de Nyungwe, des savanes sauvages des pays voisins , des déserts majestueux de Nord de ce continent, des montagnes enneigées de l’ Europe et des villes illuminées d’une lumière particulière, celle de Noël.

Malgré tout ce temps et tout cet espace qui nous sépare, vous restez ancrés dans notre vie au quotidien. Les souvenirs de nos rencontres, de nos partages et de nos découvertes, les messages qui atteignent de temps en temps nos horizons, les coups de fils depuis l’Europe et certains marques de présence égaient nos jours et nous font parfois oublier que tant de kilomètres nous séparent…. Permettez-nous de vous remercier de tout cœur de ces attentions à notre égard et acceptez nos encouragements à ne pas cesser ces actions qui nous font oh combien de bien !!!!!

Car malgré le fait que depuis que nous vivons ici, magnifiques ont été certaines découvertes, excellentes certaines relations, enrichissantes certaines amitiés, intéressants certains aspects, bouleversantes certaines vérités, extraordinaires certains apprentissages, passionnante toute cette aventure…..

la réalité de ce pays qui se définit encore et toujours comme un des plus pauvres du monde, continue de nous déchirer malgré les années de confrontation et même d’acceptation au quotidien. Toute la vie reste perpétuellement imprégnée par cette mise en question devant cette réalité que l’on ne peut pas poser comme un carton bien rangé à côté de soi.

Dès les gestes les plus matinales de la journée l’interrogation s’impose. La dégustation du bon petit déjeuner à la maison s’inscrit devant le fait que les enfants de la rue déjà à quelques ruelles plus basses requièrent un bout de pain ou une tasse de bouilli tout en rôdant dans la ville depuis la levée du soleil. L’accompagnement de son propre enfant à l’école belge contraste avec la réalité du terrain ou 84 % des enfants scolarisables n’ont pas accès à un enseignement secondaire vu les pauvres ressources de leurs parents. La visite des écoles dans le cadre de mon travail s’effectue avec ma propre voiture à travers les collines magnifiques, coloriées et lumineux du Rwanda. 83 % de la population est contraint à effectuer chaque déplacement à pied souvent sans chaussures ou à bicyclette que ce soit pour la récupération d’eau souvent à des distances de quelques dizaines de kilomètres (71% des ménages ruraux ne consomment pas d’eau potable), que le ramassage de bois, que le transport des malades, que la vente des récoltes sur le marché, …Le déjeuner de midi, succulent et riche en vitamines et calories, préparé par le personnel de la maison évoque éperdument les pauvres moyens de la population locale, qui se voit au plus bon terme consommer un repas par jour, repas sans viande ou sans poisson, buvant une eau dans la plupart des cas non potable et créant ainsi maladies et décès chez les plus démunis. L’ambiance chaleureuse dans la propre maison, sécurisée par un gardien de nuit et de jour et une hygiène pointillante suivie au quotidien, contraste avec les conditions de vies dans les cabanes des milieux ruraux, souvent construites avec de la terre cuite et qui s’évaporent sous les premières pluies torrentielles des saisons de pluies entraînant matériel et vies humaines. La télé, la radio, l’installation hi-fi, l’accès internet, le matériel informatique et tous les astuces électroniques des derniers cris utilisés par les enfants souvent en contact avec l’Europe, contraste avec les pauvres moyens des ménages rwandais. Seulement 5 % des ménages rwandais possèdent l’électricité et les deux tiers utilisent des fosses/latrines non couvertes. Globalement 5% ne disposent pas de toilettes et de 1000 naissances 125 enfants n’ atteignent pas l’âge de 5 ans.

Cette réalité nous la connaissons, et les chiffres nous les utilisons à tord et à travers afin de sensibiliser gouvernements et ong. La pauvreté et les cris de secours , ils font partie de notre quotidien, mais à un stade qui ne nous inconforte pas trop, en extériorisant cette vérité, en claquant la porte derrière soi une fois revenu dans le havre de paix de sa propre demeure, en se construisant une carapace bien dure.
La misère nous a rendus plus froids, plus intolérants. On a compris petit à petit que nous ne pouvons régler les problèmes du monde entier, que nous ne sommes pas responsables de la faim dans le pays, que nous n’ avons qu’ à accepter ce qui se passe autour de nous, mais les larmes coulent sur mes joues et la mère qui je suis pleure l’enfant qui vient de mourir dans les bras de la mère à côté qui aux risques de sa propre vie vient de donner naissance à son huitième bébé.
C’ est ainsi que nous avons commencé à payer la scolarité de quelques uns, de soutenir les enfants de la rue par un petit projet, que nous offrons un salaire supplémentaire à des professeurs dans le pays qui s’ occupent de nos propres enfants, que nous donnons un plus à la famille de notre propre personnel, … Dans mon travail au quotidien, je m’ engage pour des améliorations ici et là, je connais certaines théories qui pourraient changer certaines situations, j’entends de bonnes idées de la population locale…

Mais est-ce assez ? Tandis que je vivais en Europe, je savais de cette misère, mais je n’ y étais pas confrontée jour et nuit, j’ avais mes propres soucis à régler et cela me semblait déjà largement assez !

Je comprends aujourd’hui que vivant dans un pays du Sud, les poids et les mesures changent, la vision du monde aussi. On ne peut plus comprendre certaines réalités du Nord, on ne peut plus les accepter, on devient dur et impitoyable. Mais avec quel droit, puisque, n’ ayant pas vécu ces réalités du Sud de si près, comment faire comprendre l’ incompréhensible ?

Devant ces questions, aussi vieilles que le monde, je vous laisse en pensées en vous souhaitant de tout cœur

une excellente et heureuse nouvelle année !


Catherine







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