tula-mama-tula

Karibu!!! Invitation au partage, à une mise en question, à un échange, à une écoute, à une lecture plus approfondie des réalités qui nous entourent,à un enrichissement, et à tant et tant encore. Karibu. Je me réjouis de partager tout ça avec vous!!!! Rafiki

Tuesday, February 12, 2008

ET SI UN JOUR ....

Le Premier ministre australien, Kevin Rudd, arrivé au pouvoir en novembre dernier, avait fait campagne sur la réconciliation avec les Aborigènes.

Jeudi 13 février 2008
Par James Mulholland / FRANCE 24

Cela fait dix ans que le gouvernement conservateur de John Howard refuse de présenter des excuses officielles au nom de la nation pour les mauvais traitements infligés aux Aborigènes depuis le début de la colonisation de l’Australie. Notamment, la question des enfants aborigènes, ceux de la "génération volée", qui ont été retirés de force à leurs familles entre 1910 et 1970.


Durant sa campagne électorale, Kevin Rudd avait promis de promouvoir la réconciliation, et de présenter ses excuses aux premiers habitants d’Australie, dans le but de favoriser le processus de guérison et de réconciliation nationale.


“L’idée est d’établir un lien de respect entre l’Australie indigène et non-indigène", a déclaré M. Rudd sur la télévision australienne. "Nous pourrons ensuite combler les différences d’espérance de vie, de niveau d’éducation et de santé".


Barbara Livesey, président de l’ONG Réconciliation Australie, estime que ces excuses représentent un moment historique pour l’Australie.


“Ces excuses représentent une étape de maturation de la nation, où nous sommes capables de regarder en face les vérités de notre passé, reconnaître nos erreurs et aller de l’avant", explique Barbara Livesey dans une interview accordée à FRANCE 24.


“C’est une base importante pour construire le type de relations dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Un des directeurs indigènes de l’ONG Réconciliation Australie, Mick Dodson, décrit la réconciliation comme un puzzle, et la demande de pardon est une pièce-clé de ce puzzle. Vous ne pouvez pas terminer un puzzle sans cette pièce maîtresse, et une fois qu’elle est en place, le reste suit".


Une partie intégrante du puzzle consiste à guérir les effets persistants constatés chez la "génération volée". Ces enfants ont souvent été hébergés dans des conditions misérables, et beaucoup ont subi des harcèlements physiques et parfois sexuels.


Les Aborigènes ressentent aujourd’hui encore les séquelles psychologiques, culturelles et sociales de cette séparation de leurs parents. Des études nationales montrent un plus grand taux de maladie et un niveau d’études plus faible parmi les familles touchées. Ainsi que des problèmes de dépression, de délinquance, de drogue et d’alcoolisme.


L’espérance de vie d’un enfant indigène est de 17 années inférieures à un enfant non-indigène. Un des combats de l’ONG Réconciliation Australie est de réduire ce fossé.


Mais si ces “excuses” sont une base pour faire face à ce clivage, Barbara Livesey croit aussi que le gouvernement, et toute l’Australie, devront accompagner ce geste de monnaie sonnante et trébuchante.


“Nous voulons voir ce gouvernement – et d’autres, car c’est une responsabilité collective - avancer des ressources capables de faire avancer le processus de guérison, et de faire reculer les inégalités d’espérance de vie", dit-elle.


Même si ces excuses auront un effet cathartique pour beaucoup d’Aborigènes, et même si c’est un pas dans la bonne direction, ces paroles ne seront qu’un exercice de rhétorique politique si elle ne sont pas suivies d’actes de responsabilité légale.


L’enjeu est beaucoup plus profond qu’une question financière. Mais le refus du Premier ministre d’ouvrir un fonds d’indemnisation a soulevé beaucoup de critiques. Certains estiment qu’il s’agit de sa première trahison d’une promesse de campagne.


Kevin Rudd a certes fermé la porte à toute possibilité de dédommagement à une échelle nationale, mais Barbara Livesey salue les initiatives locales prises dans certains Etats tels que la Tasmanie, où la population indigène a été décimée. Elle était de plus de 5 000 et a chuté à 300 personnes, entre 1803 et 1833.


“Le gouvernement de Tasmanie a déjà mis en place un fonds d’indemnisation pour les membres de la “génération volée” et l’Ouest de l’Australie met en place un système similaire”, décrit Barbara Livesey. Elle estime qu’un fonds de dédommagement serait au final moins onéreux pour le contribuable que des procédures judiciaires coûteuses".


Selon une étude menée par le Sydney Morning Herald en janvier, 40% des Australiens sont opposés à ce que le gouvernement présente des excuses officielles. Alors qu’ils ne sont pas contre le principe d’une réconciliation, beaucoup d’Australiens ont l’impression que des excuses officielles seraient une façon d’admettre la culpabilité pour des crimes commis dans le passé.


Ces excuses sont présentées au nom du gouvernement, et non de la nation dans son entier, mais la participation de l’opposition n’est pas encore acquise.


Kevin Rudd a déclaré aux médias australiens qu’il souhaitait que les excuses du 13 février soient un effort des deux partis, celui du Parti travailliste au pouvoir et celui de l’opposition libérale-nationale. Mais le dirigeant d’opposition Dr Brendan Nelson a refusé de souscrire à la démarche, tant qu’il n’aurait pas vu une version complète de cette demande d’excuses.


"J’ai beaucoup de mal avec ce principe de responsabilité intergénérationnelle pour ce qui a été commis de bon et de moins bon dans le passé", a déclaré Dr Nelson dans le Sydney Morning Herald.


Une vraie réconciliation demandera des décennies, tout comme en Nouvelle Zélande et en Amérique du Nord. Une telle réconciliation ne sera possible que par l’éducation et une prise de conscience que la culture aborigène fait partie intégrante de l’Australie.


“Nous avons besoin d’un plan complet et à long terme", estime Barbara Livesey. "Notre Premier ministre Kevin Rudd parle de réunir les éléments les plus brillants du pays, pour examiner les défis nationaux. Notamment les questions relatives aux Aborigènes".

“Nous espérons que cela mènera à un plan national de long-terme, et qu’effectivement, la réflexion sera enrichie par des personnalités hors-gouvernement. Car c’est de la responsabilité de tous. Ce n’est pas seulement le souci de tel ou tel gouvernement. L’enjeu est la formation d’une nation en Australie".

0 Comments:

Post a Comment

<< Home