tula-mama-tula

Karibu!!! Invitation au partage, à une mise en question, à un échange, à une écoute, à une lecture plus approfondie des réalités qui nous entourent,à un enrichissement, et à tant et tant encore. Karibu. Je me réjouis de partager tout ça avec vous!!!! Rafiki

Saturday, October 25, 2008



Un nouvel ouvrage de l'édition Menaibuc a vu le jour....
L’AFRIQUE expliquée aux enfants
Un livre de Paul Heutching
18.00 €


pourtant beaucoup de questions se posent face à la présentation de cette Afrique , qui une fois de plus souligne les malgérances et les faillites...
L'Afrique appauvrie par un Occident enrichi...
Ouvrage à lire avec un regard critique car l'Afrique en marche qui se redresse est en oeuvre plus que jamais...


L’AFRIQUE expliquée aux enfants (et peut-être parfois à certaines grandes personnes)

Le terrible paradoxe africain.

L’Afrique, est un continent doté par la nature de tout ce qui fait la richesse, le développement des pays et le bonheur des peuples.

Mais hélas, elle est appauvrie, l’Afrique ; c’est le plus « pauvre » des cinq continents (que vous connaissez évidemment les enfants et qui sont, par ordre alphabétique : l’Afrique, l’Amérique ou les Amériques, l’Asie, l’Europe et l’Océanie.

L’Afrique est appauvrie, avec ses nombreuses autres grandes difficultés, principalement parce qu’elle est pillée sans cesse par les puissances ou nations étrangères depuis des siècles (Traite et d’Esclavage des Noirs, d’abord par le monde arabo-musulman et/ou arabo-berbère, ensuite par l’Europe, plus la colonisation et le partage du continent, en 1885 à Berlin, entre les puissances de cette même Europe.

Et aujourd’hui, elle est mal gouvernée, mal géré par des gouvernements à légitimité, droiture et sérieux politiques plus que douteux, plus tout un tas de réseaux étrangers et locaux fort suspects pour ne pas dire autre chose. Très majoritairement (52 Etats ou pays sur 57 présentés et expliqués dans ce livre) opposés à la démocratie, mauvais pour le continent. C’est tragique.

Mais l’espoir reste permis.

C’est obligé.

Paul Heutching

Thursday, October 23, 2008





© UNESCO/Operation Upgrade
Les cours d’alphabétisation doivent s’adapter au contexte social.
L’un des deux Prix Confucius UNESCO d’alphabétisation a été attribué cette année à Operation Upgrade (Afrique du Sud), pour son projet Kwanibela. Les méthodes novatrices de cette ONG ont donné d’excellents résultats en matière d’alphabétisation et d’autonomisation des femmes vivant dans les zones rurales. Un exemple à suivre.
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Pour Jabu Sithole, le simple fait d’aller à la clinique représentait une expérience traumatisante. Cette mère de cinq enfants à la voix douce ne savait ni lire ni écrire et cela n’était pas sans conséquences sur la santé de ses enfants.

« J’ai cinq enfants. Chacun d’eux possède une carte de la clinique à son nom. Mais quand l’un d’entre eux tombait malade, je ne savais pas laquelle il fallait prendre. J’emmenais l’enfant à la clinique en emportant les cinq cartes et j’étais obligée de demander à l’accueil qu’on me trouve la bonne. Les infirmières se moquaient de moi. Je n’arrivais pas à me décider à emmener mes enfants à la clinique parce que j’étais embarrassée et j’avais honte. »

Mais au bout de trois mois seulement de cours d’alphabétisation la vie de Jabu a commencé à changer : elle était déjà capable de reconnaître le nom de chacun de ses enfants. Elle apprenait non seulement à lire et à écrire, mais aussi à organiser sa vie à Kwanibela.

Kwanibela est une zone aride dans la région du Kwazulu-Natal, en Afrique du Sud. La ville la plus proche, Hluhluwe, se trouve à 50 kilomètres de là. Il ne faut pas s’étonner que certains l’appellent « terre oubliée de Dieu ».

Il est tombé très peu de pluie au cours des huit dernières années. En plus de la pénurie d’eau, il n’y a ni électricité ni lignes téléphoniques. On y considère le maïs comme un produit de luxe et 26 % de la population seulement sait lire et écrire.

Une partie des habitants – des hommes pour la plupart – quitte sa famille pour gagner les grandes villes, dans l’espoir de trouver du travail. Les autres s’efforcent de joindre les deux bouts sur les terres tribales où résident quelque 26 000 personnes.
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La lecture, c’est de la nourriture
Cependant, depuis quatre ans, il y a une lueur d’espoir. Jabu participe, comme beaucoup d’autres, au programme Kwanibela d’alphabétisation pour les adultes, géré par l'ONG Operation Upgrade, qui a été fondée en 1966.

Son nouveau programme a débuté en 2004. Utilisant des méthodes interactives d’enseignement de la langue maternelle, de l’anglais et du calcul, il a eu un impact considérable sur la vie des habitants de Kwanibela. Il leur fournit également des cours sur des thèmes précis, comme le VIH et le SIDA, par exemple.

« Les cours d’alphabétisation doivent s’adapter au contexte social », déclare Pat Dean, qui dirige à la fois l’ONG Operation Upgrade et le programme Kwanibela. « C’est pourquoi, alors que l’anglais est en option pour les apprenants, le VIH et le SIDA et la sécurité alimentaire font partie intégrante de presque chaque leçon. Il est impossible de suivre des cours d’alphabétisation si l’on n’est pas en mesure de nourrir ses enfants », Cette approche a abouti à la création de 28 cours, animés par 18 éducateurs, dont bénéficient 400 apprenants adultes.

L’une des grandes réussites de ce projet a été la création – par les élèves eux-mêmes – de cultures sous serres utilisant des méthodes hydroponiques. Chacun des 28 groupes possède une serre qui leur procure à la fois sécurité alimentaire et revenus. Cette méthode a connu un tel succès que l’un des groupes est devenu fournisseur d’épinards à une importante chaîne de supermarchés sud-africaine.
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Le SIDA nous menace – menaçons le SIDA
Il reste toutefois beaucoup d’obstacles à surmonter, estime Itumeleng Petersen, coordinatrice de la formation : « C’est triste de voir tous ces hommes qui reviennent au village après avoir travaillé dans de grandes villes comme Johannesburg ou Durban. Beaucoup d’entre eux sont séropositifs et ils ont parfois quatre ou cinq épouses : elles sont toutes contaminées. Mais grâce à notre travail d’information, les femmes apprennent à se protéger et à se soigner lorsqu’elles sont contaminées. »

Elle explique que l’information sur le VIH et le SIDA constitue une part essentielle du projet. Les enseignants reçoivent une formation spécifique en cette matière et intègrent les informations sur la maladie à leurs cours d’alphabétisation.

Le programme Kwanibela a aussi abordé de front un autre problème crucial : l’eau. Certains élèves ont été dotés d’hippos (dispositif à roues qui facilite le transport de l’eau) et d’autres ont bénéficié de l’installation d’un système de récolte de l’eau de pluie à leur domicile.

Ils se sont à tel point investis dans ce programme que beaucoup d’entre eux parcourent jusqu’à 20 kilomètres à pied pour se rendre à leurs cours. Mais il est évident que leurs efforts sont largement récompensés. « Lorsqu’en lisant, ils réussissent à enchaîner une ou deux phrases, leurs yeux se mettent à briller. Pour eux, c’est comme s’ils avaient découvert un trésor », dit Itumeleng Petersen.

Et le formateur Nomonde Diko d’ajouter : « Bien qu’ils ne soient pas en mesure de lire l’inscription ‘Operation Upgrade’ sur notre véhicule, quand nous arrivons au village, ils savent qui nous sommes et leur accueil est si chaleureux qu’il me met du baume au cœur. »

Corrinne Louw, journaliste à l’hebdomadaire communautaire Kwana Newspaper (Durban, Afrique du Sud)

Sunday, October 19, 2008


2008 - numéro 8

découvrez les merveilles cachées par des siècles de silence.....
Le silence des colosses

© UNESCO/Michel Ravassard
Le plus grand monolithe jamais sculpté par l’homme gît à côté d’une dalle de pierre de 360 tonnes.

Trois parcs plantés de stèles géantes, un labyrinthe de tombes royales, des vestiges du palais de la reine de Saba, une « pierre de Rosette éthiopienne », l’Arche de l’Alliance contenant les tables des dix commandements... un trésor inouï, oscillant entre mythe et histoire, se cache à Axoum, où bat encore le cœur de l'Éthiopie antique.


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Toute menue, gracieuse et silencieuse, Axoum fait penser aujourd’hui à une aristocrate déchue. À force d’être pillée, saccagée, incendiée, elle a caché, par-ci, par-là, les restes de ses trésors, comme dans différents recoins d’une vieille armoire. Seul le parc principal de stèles trône au milieu de la ville. Il témoigne à quel point elle a souffert.

À l’exception d’un obélisque qui rappelle par son inclinaison la Tour de Pise en Italie, aucun de ces monolithes gravés de symboles étranges n’est parvenu jusqu’à nous en position debout. Même le fameux obélisque qui vient d’être réinstallé à Axoum, après un exil forcé en Italie depuis 1937, gisait brisé en cinq morceaux quand les troupes de Mussolini l’avaient trouvé (voir « Le retour de l’Obélisque d’Axoum »). Quant à la grande majorité des stèles non décorées, elles se dressent toujours fièrement vers le ciel.

« C’est pour cela que les gens pensent que les grands obélisques sculptés ne sont pas tombés tous seuls et que c’est une reine juive qui les a saccagés », explique le jeune historien Redae Tesfay (28 ans). « Mais en réalité, pour qu’un obélisque résiste au temps, sa partie ensevelie devrait représenter 10% de sa taille totale. Or cette règle n’a pas été respectée ». Une erreur de calcul ? Incroyable, pour un peuple qui a fait montre de tant de prouesses, mais sans doute vrai.

Côté légende, une reine dont on ne connaît pas le nom, mais qu’on appelle Goudite (la monstrueuse) ou Esato (la brûlante), personnage historique du 10e siècle au profil relativement flou, aurait envahi l’Éthiopie, à la recherche de l’Arche de l’Alliance, ce coffret sacré contenant les tables des dix commandements. Furieuse de ne pas l’avoir trouvé, la reine aurait détruit toute la ville et mis fin à l’empire axoumite. En mémoire de ce triste événement, la basilique Maryam Tsion, qui abrite encore aujourd’hui la fameuse Arche, dit-on, n’accepte pas les femmes dans ses murs.


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La reine de Saba, toujours aussi mystérieuse



Comment l’Arche de l’Alliance s’est-elle retrouvée à Axoum? Eh bien, elle a été apportée de Jérusalem par Ménélik, premier roi d’Éthiopie, fils d’un roi d’Israël et de Makéda, pour ne pas dire Salomon et la reine de Saba. Il a fondé, voici une bonne trentaine de siècles, la dynastie salomonide, lignée dont se réclamait récemment encore le dernier empereur d’Éthiopie, Hailé Sélassié (1892-1974).

« Selon la tradition, Ménélik a caché l’Arche de l’Alliance dans le palais de sa mère, qui se trouve à trois kilomètres environ du centre d’Axoum. Son abri a été récemment découvert par l’archéologue Helmut Ziegert, de l’Institut d’archéologie de l’université de Hambourg », explique Fisseha Zibelo, gestionnaire du site d’Axoum. En effet, cette découverte a défrayé la chronique en mai dernier.

« Le palais de Dongour que vous voyez a été fouillé par l’archéologue français Francis Anfray et reconstruit entre 1966 et 1968. Il compte 50 pièces, dont on ne connaît pas exactement l’usage. Il date du 7e siècle, mais le peuple l’a toujours appelé ‘le palais de la reine de Saba’ », poursuit Fisseha Zibelo. « C’est ce qui a incité Helmut Ziegert à effectuer de nouvelles fouilles et il a découvert un autre palais au-dessous de celui que nous connaissions ». Trois parties de cet ancien palais, qui daterait du 10e siècle av. J.-C., sont dévoilées actuellement au public. Pour un œil non averti, la différence entre les vestiges des deux époques est invisible.

Une petite route menant à Gondar (voir article « Au pays du roi à la langue pendante ») sépare le palais de Dongour d’un des trois parcs de stèles d’Axoum. C’est un vaste champ jonché de monolithes à peine dégrossis mais, pour la plupart, hauts de plusieurs mètres. « On extrayait les blocs de pierre dans le mont Gobadura », dit Fisseha Zibelo, en montrant, au loin, la trace qu’ont laissée dans la verdure les rouleaux servant à les transporter. Après tant de siècles, l’herbe n’a pas repoussé.

Mais il n’y a pas de quoi s’étonner : des milliers de tonnes de pierres sont passées par là. Il suffit de voir cette énorme dalle dans le parc central, qui fait environ 20 mètres sur 7. Son poids est estimé à 360 tonnes. À ses côtés, le plus grand monolithe jamais sculpté par l’homme gît brisé, tel un colosse blessé. On comprend pourquoi la légende a attribué le transport des pierres aux anges.


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Énigmes et révélations


La légende prend facilement racine là où l’histoire fait défaut. Aucune date, aucun nom ne figurent sur ces immenses blocs de pierre. Les chercheurs ont découvert une magnifique nécropole sous les stèles, mais ils sont arrivés après les pilleurs : la « tombe de la fausse porte », la « tombe aux arcs de briques » et le mausolée, majestueux et vides, demeurent muets.

Plus énigmatiques encore sont les figures gravées sur les obélisques. Uniques au monde, ces simulacres de demeures à plusieurs étages – avec porte, fenêtres et poutres – ne contiennent aucune inscription qui pourrait aider les archéologues à pénétrer leur mystère. Quand ils ne sont pas marqués d’une croix, ils portent, au sommet, un symbole représentant le soleil et de la lune. Selon certains historiens, ce symbole préchrétien pourrait se référer à la divinité locale Mahrem, correspondant à Arès, dieu grec de la guerre, mais on n’en sait pas davantage.

Les pièces de monnaie sont plus bavardes. Elles révèlent les noms d’une vingtaine de rois, montrent les différentes phases de l’essor économique d’Axoum, situent dans le temps sa conversion au christianisme… « Les pièces en or portent des inscriptions grecques, car elles servaient pour le commerce international », raconte Redae, « alors que les légendes des pièces en argent et en bronze sont en guèze, ce qui montre qu’elles étaient utilisées pour le commerce domestique ». Le guèze, aujourd’hui langue liturgique, est l’ancêtre de l’amharique parlé par la majorité de la population éthiopienne.

La plus éloquente est, sans doute, cette « pierre de Rosette » locale, qui se dresse actuellement dans un petit bâtiment, construit spécialement pour elle, au bord d’une piste abrupte, pierreuse et sinueuse, à l’écart du centre de la ville. Découverte par des bergers en 1982, elle raconte en trois langues – grec, guèze et sabéen – la campagne de Nubie d’Ezana, dernier roi païen et premier roi chrétien d’Axoum. Converti vers le milieu du 4e siècle, il a porté l’empire à son apogée. Pour l’anecdote : le texte en guèze est gravé sur une des faces étroites de cette dalle rectangulaire (l’autre étant vierge) et, faute de place, le scribe a poursuivi son écriture sur la face réservée au sabéen, à la manière d’un écolier qui termine sa phrase dans la marge, quand il arrive au bas de la page.

D’un monument à un autre, la vieille Axoum dévoile, petit à petit quelque chapitre de son passé tissé de légendes et d’histoire.


Jasmina Šopova

2008 - numéro 8

Le silence des colosses



© UNESCO/Michel Ravassard
Le plus grand monolithe jamais sculpté par l’homme gît à côté d’une dalle de pierre de 360 tonnes.

Trois parcs plantés de stèles géantes, un labyrinthe de tombes royales, des vestiges du palais de la reine de Saba, une « pierre de Rosette éthiopienne », l’Arche de l’Alliance contenant les tables des dix commandements... un trésor inouï, oscillant entre mythe et histoire, se cache à Axoum, où bat encore le cœur de l'Éthiopie antique.


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Toute menue, gracieuse et silencieuse, Axoum fait penser aujourd’hui à une aristocrate déchue. À force d’être pillée, saccagée, incendiée, elle a caché, par-ci, par-là, les restes de ses trésors, comme dans différents recoins d’une vieille armoire. Seul le parc principal de stèles trône au milieu de la ville. Il témoigne à quel point elle a souffert.

À l’exception d’un obélisque qui rappelle par son inclinaison la Tour de Pise en Italie, aucun de ces monolithes gravés de symboles étranges n’est parvenu jusqu’à nous en position debout. Même le fameux obélisque qui vient d’être réinstallé à Axoum, après un exil forcé en Italie depuis 1937, gisait brisé en cinq morceaux quand les troupes de Mussolini l’avaient trouvé (voir « Le retour de l’Obélisque d’Axoum »). Quant à la grande majorité des stèles non décorées, elles se dressent toujours fièrement vers le ciel.

« C’est pour cela que les gens pensent que les grands obélisques sculptés ne sont pas tombés tous seuls et que c’est une reine juive qui les a saccagés », explique le jeune historien Redae Tesfay (28 ans). « Mais en réalité, pour qu’un obélisque résiste au temps, sa partie ensevelie devrait représenter 10% de sa taille totale. Or cette règle n’a pas été respectée ». Une erreur de calcul ? Incroyable, pour un peuple qui a fait montre de tant de prouesses, mais sans doute vrai.

Côté légende, une reine dont on ne connaît pas le nom, mais qu’on appelle Goudite (la monstrueuse) ou Esato (la brûlante), personnage historique du 10e siècle au profil relativement flou, aurait envahi l’Éthiopie, à la recherche de l’Arche de l’Alliance, ce coffret sacré contenant les tables des dix commandements. Furieuse de ne pas l’avoir trouvé, la reine aurait détruit toute la ville et mis fin à l’empire axoumite. En mémoire de ce triste événement, la basilique Maryam Tsion, qui abrite encore aujourd’hui la fameuse Arche, dit-on, n’accepte pas les femmes dans ses murs.


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La reine de Saba, toujours aussi mystérieuse



Comment l’Arche de l’Alliance s’est-elle retrouvée à Axoum? Eh bien, elle a été apportée de Jérusalem par Ménélik, premier roi d’Éthiopie, fils d’un roi d’Israël et de Makéda, pour ne pas dire Salomon et la reine de Saba. Il a fondé, voici une bonne trentaine de siècles, la dynastie salomonide, lignée dont se réclamait récemment encore le dernier empereur d’Éthiopie, Hailé Sélassié (1892-1974).

« Selon la tradition, Ménélik a caché l’Arche de l’Alliance dans le palais de sa mère, qui se trouve à trois kilomètres environ du centre d’Axoum. Son abri a été récemment découvert par l’archéologue Helmut Ziegert, de l’Institut d’archéologie de l’université de Hambourg », explique Fisseha Zibelo, gestionnaire du site d’Axoum. En effet, cette découverte a défrayé la chronique en mai dernier.

« Le palais de Dongour que vous voyez a été fouillé par l’archéologue français Francis Anfray et reconstruit entre 1966 et 1968. Il compte 50 pièces, dont on ne connaît pas exactement l’usage. Il date du 7e siècle, mais le peuple l’a toujours appelé ‘le palais de la reine de Saba’ », poursuit Fisseha Zibelo. « C’est ce qui a incité Helmut Ziegert à effectuer de nouvelles fouilles et il a découvert un autre palais au-dessous de celui que nous connaissions ». Trois parties de cet ancien palais, qui daterait du 10e siècle av. J.-C., sont dévoilées actuellement au public. Pour un œil non averti, la différence entre les vestiges des deux époques est invisible.

Une petite route menant à Gondar (voir article « Au pays du roi à la langue pendante ») sépare le palais de Dongour d’un des trois parcs de stèles d’Axoum. C’est un vaste champ jonché de monolithes à peine dégrossis mais, pour la plupart, hauts de plusieurs mètres. « On extrayait les blocs de pierre dans le mont Gobadura », dit Fisseha Zibelo, en montrant, au loin, la trace qu’ont laissée dans la verdure les rouleaux servant à les transporter. Après tant de siècles, l’herbe n’a pas repoussé.

Mais il n’y a pas de quoi s’étonner : des milliers de tonnes de pierres sont passées par là. Il suffit de voir cette énorme dalle dans le parc central, qui fait environ 20 mètres sur 7. Son poids est estimé à 360 tonnes. À ses côtés, le plus grand monolithe jamais sculpté par l’homme gît brisé, tel un colosse blessé. On comprend pourquoi la légende a attribué le transport des pierres aux anges.


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Énigmes et révélations


La légende prend facilement racine là où l’histoire fait défaut. Aucune date, aucun nom ne figurent sur ces immenses blocs de pierre. Les chercheurs ont découvert une magnifique nécropole sous les stèles, mais ils sont arrivés après les pilleurs : la « tombe de la fausse porte », la « tombe aux arcs de briques » et le mausolée, majestueux et vides, demeurent muets.

Plus énigmatiques encore sont les figures gravées sur les obélisques. Uniques au monde, ces simulacres de demeures à plusieurs étages – avec porte, fenêtres et poutres – ne contiennent aucune inscription qui pourrait aider les archéologues à pénétrer leur mystère. Quand ils ne sont pas marqués d’une croix, ils portent, au sommet, un symbole représentant le soleil et de la lune. Selon certains historiens, ce symbole préchrétien pourrait se référer à la divinité locale Mahrem, correspondant à Arès, dieu grec de la guerre, mais on n’en sait pas davantage.

Les pièces de monnaie sont plus bavardes. Elles révèlent les noms d’une vingtaine de rois, montrent les différentes phases de l’essor économique d’Axoum, situent dans le temps sa conversion au christianisme… « Les pièces en or portent des inscriptions grecques, car elles servaient pour le commerce international », raconte Redae, « alors que les légendes des pièces en argent et en bronze sont en guèze, ce qui montre qu’elles étaient utilisées pour le commerce domestique ». Le guèze, aujourd’hui langue liturgique, est l’ancêtre de l’amharique parlé par la majorité de la population éthiopienne.

La plus éloquente est, sans doute, cette « pierre de Rosette » locale, qui se dresse actuellement dans un petit bâtiment, construit spécialement pour elle, au bord d’une piste abrupte, pierreuse et sinueuse, à l’écart du centre de la ville. Découverte par des bergers en 1982, elle raconte en trois langues – grec, guèze et sabéen – la campagne de Nubie d’Ezana, dernier roi païen et premier roi chrétien d’Axoum. Converti vers le milieu du 4e siècle, il a porté l’empire à son apogée. Pour l’anecdote : le texte en guèze est gravé sur une des faces étroites de cette dalle rectangulaire (l’autre étant vierge) et, faute de place, le scribe a poursuivi son écriture sur la face réservée au sabéen, à la manière d’un écolier qui termine sa phrase dans la marge, quand il arrive au bas de la page.

D’un monument à un autre, la vieille Axoum dévoile, petit à petit quelque chapitre de son passé tissé de légendes et d’histoire.


Jasmina Šopova