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Karibu!!! Invitation au partage, à une mise en question, à un échange, à une écoute, à une lecture plus approfondie des réalités qui nous entourent,à un enrichissement, et à tant et tant encore. Karibu. Je me réjouis de partager tout ça avec vous!!!! Rafiki

Thursday, October 05, 2006


L' Avenir de l'Afrique

suite aux voix, représentants d'un côté l' afropessimisme ambiant, suivi par un document démontrant la richesse culturelle et sociale du continent, voici deux textes qui m' ont été envoyés récemment par des lecteurs critiques et que nous avons envie de partager avec vous.

"Chers collègues ,

Quand l’Afrique se soustrait à la marche du monde : de nouveau, esclaves ?!!

Il arrive dans la vie qu’une conversation banale nous secoue pendant des heures voire des jours. J'attendais tranquillement un ami au terminus d'autobus de Montréal quand un monsieur d’un certain âge a pris place à mes côtés avant d'engager lune des conversations les plus enrichissantes de ma vie. Professeur d’études stratégiques dans un institut international, l'homme connaît le continent africain comme le fond de sa poche. Son analyse, son point de vue sur notre avenir, donne froid dans le dos. Et sil vous plaît, ne sortez pas la rancune du « colon nostalgique ». Lisez avec la tête et la raison ce qu'il dit. Je vous rapporte fidèlement ses constats :

« Cela fait maintenant plus de 25 ans que j’enseigne la stratégie. Dans ma carrière, j’ai eu affaire à des dizaines d’officiers et de hauts fonctionnaires africains. Je suis malheureusement obligé de vous dire ceci : du point de vue des études stratégiques, de l’analyse et de l’anticipation, je leur donne un gros zéro pointé. Nos stagiaires africains sont très instruits, ils ont de belles tenues militaires ou manient le français de manière remarquable, mais, dans les cours, ils ne nous apportent rien. Tout simplement, parce qu’à ma connaissance, dans toute l’Afrique francophone, il n'y a pas un seul centre d’études stratégiques et internationales avec des vrais professionnels à leur tête.

Je vais vous expliquer pourquoi je n'ai aucun espoir pour ce continent. Au moment où je parle, le monde fait face à trois enjeux principaux : l’énergie, la défense stratégique et la mondialisation. Donnez-moi un seul cas où l’Afrique apporte quelque chose. Rien. Zéro. Commençons par l’énergie et précisément le pétrole. Tous les experts mondialement reconnus sont unanimes à reconnaître que d'ici 15 à 20 ans, cette ressource sera rare et excessivement chère. En 2020, le prix du baril tournera autour de 120 dollars. C’est conscient de cette réalité que des pays comme les USA, la France, la Chine, le Royaume Uni, etc. ont mis sur pied des tas de forces chargés d'étudier et de proposer des solutions qui permettront à ces nations de faire main basse sur les ressources mondiales, de s’assurer que quoi qu’il advienne, leur approvisionnement sera assuré.
Or, que constate-t-on en Afrique ? Les dirigeants de ce continent ne sont même pas conscients du danger qui les guette : se retrouver tout simplement privé de pétrole, ce qui signifie ni plus ni moins qu’un retour à la préhistoire !
Dans un pays comme le Gabon qui verra ses puits de pétrole tarir dans un maximum de 10 ans, aucune mesure de sauvegarde, aucune mesure alternative n’est prise par les autorités. Au contraire, ils prient pour que l'on retrouve d'autres gisements. Pour l’Afrique, le pétrole ne comporte aucun enjeu stratégique : il suffit juste de pomper et de vendre. Les sommes récoltées prennent deux directions : les poches des dirigeants et les coffres des marchands d'armes. C’est pathétique.

Ensuite, la défense stratégique. L'état de déliquescence des armées africaines est si avancé que n’importe quel mouvement armé disposant de quelques pick-up et de Kalachnikov est capable de les mettre en déroute. Je pense qu’il s’agit plus d’armées de répression intérieure que de guerre ou de défense intelligente. Pourquoi ? Parce que, comparées aux armées des nations développées, de la Chine, de l’Inde ou du Pakistan, les forces africaines rappellent plus le Moyen âge que le 21e siècle. Prenez par exemple le cas de la défense anti-aérienne. Il n'y a quasiment aucun pays qui possède un système de défense équipé de missiles anti-aériens modernes. Ils ont encore recours aux canons antiaériens. Les cartes dont disposent certains états-majors datent de la colonisation ! Et aucun pays n’a accès à des satellites capables de le renseigner sur les mouvements de personnes ou d'aéronefs suspects dans son espace aérien sans l’aide de forces étrangères. Quelle est la conséquence de cette inertie ? Aujourd’hui, des pays comme les Etats-Unis, la France ou le Royaume-Uni peuvent détruire, en une journée, toutes les structures d’une armée africaine sans envoyer un seul soldat au sol. Rien qu’en se servant des satellites, des missiles de croisière et des bombardiers stratégiques. A mon avis et je crois que je rêve , si les pays africains se mettaient ensemble , et que chacun accepte de donner seulement 10 % de son budget militaire à un centre continental de recherche et d'application sur les systèmes de défense , le continent peut faire un pas de géant.

Il y a en Russie , en Ukraine , en Chine , en Inde , des centaines de scientifiques de très haut niveau qui accepteraient de travailler pour 3000 dollars US par mois afin de vous livrer des armes sophistiquées fabriquées sur le continent et servant à votre défense. Ne croyez pas que je rigole. Il ne faut jamais être naïf. Si la survie de l'Occident passe par une recolonisation de l’Afrique et la main mise sur ses ressources naturelles vitales, cela se fera sans état d'âme. Ne croyez pas trop au droit international et aux principes de paix, ce sont toujours les faibles qui s’accrochent à ces chimères. Je pense qu’il est temps de transformer vos officiers (dont 90 % sont des fils à papa pistonnés qui ne feront jamais la guerre et je sais de quoi je parle) en scientifiques capables de faire de la recherche et du développement. Mais, je suis sceptique. Je crois que ce continent restera enfoncé dans le sommeil jusqu’au jour où le ciel lui tombera sur la tête.

Enfin, la mondialisation. Malheureusement, comme dans tous les autres sujets qui ont fait leur temps, les stagiaires africains que nous recevons sont d'excellents perroquets qui répètent mécaniquement les arguments qu'ils entendent en Occident. A savoir, il faut la rendre humaine, aider les pays pauvres à y faire face. Vous savez, dans mes fonctions, il y a des réalités que je ne peux dire, mais je vais vous les dire. La mondialisation est juste la forme moderne de perpétuation de l’inégalité économique. Pour être clair, je vous dirai que ce concept à un but : garder les pays pauvres comme sources d’approvisionnement en biens et ressources qui permettraient aux pays riches de conserver leur niveau de vie. Autrement dit, le travail dur, pénible, à faible valeur ajoutée et impraticable en Occident sera fait dans le Tiers-monde.

Ainsi, les appareils électroniques qui coûtaient 300 dollars US en 1980 reviennent toujours au même prix en 2006. Et puisque l’Afrique n’a toujours pas un plan cohérent de développement économique et d’indépendance, elle continuera à être un réservoir de consommation où seront déversés tous les produits fabriqués dans le monde. Pour moi, l'indépendance signifie d’abord un certain degré d'autonomie. Mais, quand je vois que des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger ou la Centrafrique importent quasiment 45 % de leur propre nourriture de l’étranger, vous comprendrez qu’un simple embargo militaire sur les livraisons de biens et services suffirait à les anéantir. Pour terminer, je vais vous raconter une anecdote. Je parlais avec un colonel sénégalais venu en stage chez nous il y a quelques mois. Nous regardions à la télévision les images de millions de Libanais qui défilaient dans les rues pour réclamer le retrait des soldats syriens de leur pays. Je lui ai demandé ce qu’il en pensait. Il ma répondu : « Les Libanais veulent retrouver leur indépendance et la présence syrienne les étouffe ». C’est la réponse typique de la naïveté emprunte dangélisme. Je lui ai expliqué que ces manifestations ne sont ni spontanées ni l’expression d’un ras-le-bol. Elles sont savamment planifiées parce quelles ont un but. Israël piaffe d'impatience d'en découdre avec le Hezbollah et puisque Tel-Aviv ne peut faire la guerre en même temps aux Palestiniens , au Hezbollah et à la Syrie , son souhait est que Damas se retire. Une fois le Liban à découvert , Israël aura carte blanche pour l'envahir et y faire ce quelle veut. J'ai appelé cet officier sénégalais il y a deux jours pour lui rappeler notre conservation.
Malheureusement, il était passé à autre chose. Son stage ne lui a servi à rien. J'espère vraiment qu’un jour, les Africains auront conscience de la force de l’union, de l’analyse et de l’anticipation. L'Histoire nous démontre que la coexistence entre peuples a toujours été et sera toujours un rapport de force. Le jour où vous aurez votre arme nucléaire comme la Chine et l'Inde, vous pourrez vous consacrer tranquillement à votre développement. Mais tant que vous aurez le genre de dirigeants que je rencontre souvent, vous ne comprendrez jamais que le respect s'arrache par l’intelligence et la force.

Je ne suis pas optimiste. Car , si demain l'Union africaine ou la Cédéao décide de créer un Institut africain d'études stratégiques crédible et fiable , les personnes qui seront choisies se précipiteront en Occident pour apprendre notre manière de voir le monde et ses enjeux. Or, l’enjeu est autre, il s’agit de développer leur manière de voir le monde, une manière africaine tenant compte des intérêts de l'Afrique. Alors, les fonctionnaires qui seront là, à statut diplomatique, surpayés, inefficaces et incapables de réfléchir sans l’apport des experts occidentaux se contenteront de faire du copier coller, ce sera un autre parmi les multiples gâchis du continent. Avant que vos ministères des Affaires étrangères ne fassent des analyses sur la marche du monde, ils feraient mieux d’en faire d’abord pour votre propre intérêt ».

Ousmane Sow (journaliste, Montréal)

27 juillet 2006"

Réponse de Dr. Mutombo Kanyana, rédacteur en chef du journal Regards africains

Ci-dessous ma réponse à ce texte qui se balade
déjà sur le Net depuis quelques mois de manière
assez suspecte.

Bonjour,

Merci beaucoup pour ce posting très révélateur d'un certain mal africain, celui qui consiste à
se laisser impressionné par des "analyses" faites par des "connaisseurs de l'Afrique".
Axelle Kabou ("Et si l'Afrique refusait le développement?", L'Harmattan), en avait fait
une véritable imposture.

Je pense qu'il faut être particulièrement naïf ou myope pour être impressionné par cette
soit-disante "analyse" sur l'avenir de l'Afrique fournie par un professeur "qui
connaît l'Afrique comme le fond de sa poche".
En fait d'analyse, il n'y a qu'un diagnostic.
Certes, un diagnostic implacable, mais pouvait-on s'attendre à autre diagnostic quand
on se penche un peu au chevet du grand malade qu'est l'Afrique des élites politiques
actuelles dominantes ?
Que l'on ne puisse rien anticiper, programmer ni définir de stratégie face à nos multiples
défis, c'est tout normal ! Du moins, tant qu'un préalable incontournable n'a pas été mis en
oeuvre : prendre son destin en main ! A chaque fois qu'il y a eu cette vélléité, notamment
avec des leaders comme Nkrumah et surtout Sankara dont le slogan était "Osons inventer le
futur", les capacités stratégiques africaines ont émergé sans que des professeurs
"connaisseurs de l'Afrique" soient appelés à contribution.

A quoi servirait des analystes pétroliers à Bongo si la politique pétrolière du Gabon est
amplement définie par Elf ? Car nos chefs d'Etat ne sont que des sous-traitants des
stratégies définies ailleurs. Et un analyste africain, dans un Etat africain, ne peut
qu'être un sous-traitant opérationnel de ces stratégies. A moins d'agir à un niveau où on a
encore la possibilité de prendre pleinement son destin en main. A leur niveau, les mama Benz et
autres opérateurs de l'économie informelle savent bien anticiper, plannifier et définir
des stratégies. Sans passer par des écoles de stratégie du Nord ! Mais dès qu'on aborde le
secteur formel qui donne amplitude et reconnaissance à un Etat, c'est la panne. Nous
ne sommes plus capables que d'exécuter !

Regardez nos gouvernements : que leur reste-t-il à prévoir, analyser, programmer
lorsque leur politique financière et économique est définie par la Banque Mondiale et le FMI,
celle de la santé par l'OMS, celle de l'enfance par UNICEF, celle de la guerre par l'OTAN (dont
les manoeuvres se multiplient avec les armées africaines, en particulier dans le cadre de la
"guerre contre le terrorisme"), etc.? Même dans l'organisation de l'acte le plus symbolique de la souveraineté nationale, à savoir les
élections, nous ne sommes devenus que des sous-traitants des stratégies élaborés par la
"communauté internationale" (ONU, Union
européenne). Exemples actuels : Côte-d'Ivoire (sous gouvernance onusienne, malgré la
résistance vaine de Gbagbo), Congo RDC (sous gouvernance de l'UE), partout où les enjeux
sont majeurs pour ceux qui continuent à nous dominer avec le consentement de nos élites.

Le problème de l'Afrique n'est pas une quelconque "incapacité des Africains" laquelle,
pour moi, relève d'un discours raciste qui peut être décliné de manière si politiquement
correct qu'on arrive à se laisser impressioner.
Comme dans le cas de ce journaliste (Ousmane Sow) et de ses vulgarisateurs très captivés par
l"analyse" du professeur montréalais. Le problème est plutôt dans l'absence de VOLONTE
et de COURAGE politiques de nos dirigeants.
Cette volonté et ce courage qu'ont eu Lumumba,
Nkrumah ou Sankara ne se retrouve plus aujourd'hui qu'à la base, au sein de sociétés
civiles africaines sans (malheureusement) leaders. Pour le moment.

Kanyana

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