Un ami ,que nous avons eu la chance de connaître lors des années passées ici au Rwanda,quand il travaillait en tant qu'instituteur à l 'école française, nous envoie régulièrement des témoignages. Je ne peux que vous conseiller la lecture de ses articles, si riches en observations, en analyses pointues, en humour ,...Cette fois-ci, il se trouve au Burkina Faso....
Bonne lecture à vous en merci GROMELLE!!!!! Continue à nous enrichir de par ton regard rafraîchissant....
Salut !
J’espère que vous allez tous bien.
C’est le temps qui me manque pour pouvoir écrire régulièrement mes gros mails… et puis quelques problèmes informatiques enfin réglés.
1 / Comment l’informatique devient un outil aussi pratique qu’une enclume l’est pour enfoncer un clou :
Avant de venir nous avions acheté un bel ordinateur portable avec un grand écran et dans le ventre de quoi faire avancer un porte avion. En théorie, parce qu’en fait Windows Vista demande plus de puissance que ce qui suffirait à faire avancer un porte avion. Après multiples tentatives de partitions du disque dur et d’installations de deux systèmes d’exploitation (Vista et XP) je décide de balancer définitivement Vista et d’installer seulement XP. Problème quand on réinstalle XP à la place de Vista (sur certains ordinateurs) on perd les pilotes du modem, de la carte son et autres choses plutôt utiles. Après quelques recherches je commence à les récupérer sur internet. Mais avant même d’avoir pu les installer, alors que je jouais tranquillement au majong , le PC me tombe en syncope entre les mains. Carte mère grillée. C’est le grand truc HP ça, mettre du matos hyper fragile en comptant que le pc ne voyagera pas trop. Il m’était arrivé exactement la même chose à Moscou avec le HP sur lequel j’écris ce gros mail.
« Le crapaud tombé dans l’eau chaude se méfie de l’eau froide » comme on dit ici, parce qu’il n’y a pas de chat. Je décidais de ne pas utiliser le PC restant sans onduleur et donc de le faire tourner sur batterie. Mais à force d’utiliser la batterie celle-ci a perdu beaucoup de sa capacité et demande beaucoup de temps pour se recharger. Comme je n’écris pas que des gros mails avec ce truc, et que Julie en a besoin pour le travail, il ne me reste plus beaucoup de temps pour vous écrire .
Pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent.
2/ Comment perdre 5 kilos en restant allongé :Ne voulant pas en rajouter sur les ennuis de santé j’ai volontairement omis de vous signaler que j’ai hébergé pendant quelques jours une colonie extrêmement importante de plasmodium falciparum . En fait les symptômes varient beaucoup selon les personnes et mis à part une très forte fièvre et une très grande fébrilité je n’ai pas eu d’autres symptômes… Au plus fort de la crise c’était très bizarre, j’avais le cerveau comme dans un tunnel, et le système nerveux branché sur secteur . Impossible de dormir.
L’expérience m’a laissé un souvenir tel que je n’en dirais pas plus… et que je ne la recommande à personne.
3/ Comment régler la circulation sous le soleil.
Le Burkina Faso étant un des seuls pays de la région où il n’y a pas une rébellion armée planquée dans un coin ni d’instabilité ou de fragilité politique, Ouagadougou est devenue la capitale des réunions de ceux qui se foutent sur la gueule chez eux, de ceux qui veulent pas qu’ils y en aient qui se tapent dessus même s’ils le font ailleurs, de ceux qui voudraient bien faire du fric dans le coin mais qu’osent pas trop aller là où il y en a qui se tapent dessus etc. Forcément ça fait du gros bonnet au mètre carré et des mesures de sécurité à imposer. Donc régulièrement on nous coupe les routes, les met en contre sens, bloque la moitié d’un rond-point etc. A Paris ça gonfle tout le monde, mais ça se fait et ça se passe pas mal. Ici c’est forcément un peu différent… Et, comme pour beaucoup de choses, il flotte un certain amateurisme réjouissant. C’est difficile de « penser sécurité » dans un pays où les gens sont gentils. Exemple :
Un après-midi nous décidons d’aller dans le centre ville. Nous empruntons donc un axe important (2 fois 2 voies) supposé nous y mener. Là, premier « détail » surprenant je me retrouve face à un bus roulant à contre sens. Un peu étonnés nous comprenons, après l’avoir évité , que l’autre double voie est bloquée et que les bus et les véhicules officiels peuvent rouler à contresens sur notre double voie… sauf qu’il n’y avait aucun panneau et même pas un flic au carrefour où nous nous sommes engagés. Nous arrivons à un énorme carrefour appelé la patte d’oie. C’est un gigantesque rond-point avec tout un ensemble de feux tricolores, un système qui ressemble aux grandes places parisiennes. Là quelques policiers, secondés par des militaires, tentent de régler la circulation nous offrant un spectacle que n’aurait pas renié Louis de Funès dans un de ses mauvais films de gendarmes au soleil.
Au début la progression se fait bien, jusqu’à ce que nous nous trouvions bloqués à un point névralgique de ce grand rond-point. Devant nous une jeune fliquette et un militaire (elle devant un axe d’entrée dans le rond-point, lui dans le rond-point) tentent de bloquer l’accès à un grand axe tout en déroutant les automobilistes sur un autre… le tout sans barrière ni panneau, bien sûr. La tâche n’est pas facile et la jeune femme, facilement impressionnable, a tendance à laisser passer des véhicules une minute après avoir sifflé et fait signe de la main qu’il faut s‘arrêter… Ce qui semble décontenancer son collègue militaire qui a donné (une minute plus tôt) l’autorisation aux voitures se trouvant devant lui de s’engager. Mais, bonne pâte, il ne fait pas de remarque.
Tout ne va pas si mal jusqu’à ce que deux véhicules, d’un convoi officiel passé cinq minutes avant, se pointent dans le rond-point à contre sens (comme l’avait fait le convoi) alors que la circulation avait commencé à être rétablie. Là un gros policier plus âgé, un chef quoi, intervient. La fliquette encore plus impressionnée ne sait plus que faire entre les voitures forçant le passage, les deux officielles dans son dos cherchant à s’infiltrer à contre sens et le gros chef en train de lui dire de les laisser passer sans lui dire comment, ni l’aider. Mais les ordres étant les ordres, la voilà qui s’avance et commence à faire des gestes dans tous les sens et en sifflant à tout va. Le militaire voyant venir le bordel décide de l’épauler et d’organiser un peu ça. Mais elle, à moitié paniquée, et tenant à montrer que c’est elle la spécialiste de la circulation , et non le militaire, insiste. Le militaire, sûr que c’est lui qui comprend le mieux comment organiser ça, insiste lui aussi . Et là, commence un ballet curieux ou les deux représentants des forces de l’ordre font de grands gestes, appuyés de coups de sifflets décidés, donnant des indications complètement contraires. Pendant quelques secondes tout le monde s’est arrêté.
Dans notre file bloquée depuis plusieurs minutes, les gens commencent à s’impatienter, ceux qui ont un klaxon s’en servent, les autres gueulent, et certains en première ligne commencent à lâcher un peu l’embrayage. Le militaire finit par être obligé de faire un pas en arrière en faisant des signes discrets aux conducteurs leur demandant d’être patients et que lui il y est pour rien…
On lisait bien dans ses yeux qu’il se demandait ce que lui, militaire, foutait dans cette galère avec comme équipier une fliquette pas très logique et pas du tout crédible.
Nous avons finis par nous en sortir vivants.
Comment ne pas prendre de contraventions et ne pas avoir d’ennui avec la police ?
En ne tenant pas compte de ce que disent les flics.
Un collègue m’a expliqué en début d’année sa technique : « Quand un flic me fait signe de m’arrêter, je ralentis en prenant soin de rétrograder, je ralentis, je ralentis, et quand j’arrive à sa hauteur je lui fais un sourire, je lui dis bonjour et je réaccélère. » Audacieux me direz-vous ? Et bien non.
Ici les policiers sont gentils. De toute façon ils ne peuvent pas faire autrement tout simplement parce qu’ils sont régis par des règles ou des contingences extérieures qui influent beaucoup sur leur manière de travailler :
- Les policiers faisant la circulation ne sont pas armés, et quand ils le sont c’est d’une matraque… ce qui est très pratique pour arrêter les véhicules.
- Les policiers n’ont pas le droit de quitter leur poste et donc de poursuivre un contrevenant.
- De toute façon ils sont posés par une voiture et, s’ils leur prenaient l’envie de poursuivre un contrevenant, ils devraient le faire à pied.
- Les policiers n’ont aucun moyen de communication qui leur permettrait d’avertir une voiture qui pourrait être postée plus loin. Seuls les chefs ont le droit d’avoir un talkie-walkie, et les chefs on ne les voit pas souvent au bord de la route.
Résultat je me suis vu griller un feu sous le nez d’un flic qui m’a regardé passer en souriant… bah ouais j’allais tellement vite que de toute façon il ne pouvait rien faire.
- Comment se faire soigner dans une ville qui s’appelle Bobo ?
Une amie, et collègue, est allée à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays… Déjà se faire soigner dans la première ce n’est pas une sinécure, mais dans la deuxième ville c’est même plus risqué que de rester malade. Une amie à cette amie se plante en moto. Ni une ni deux, elles décident d’aller à l’hôpital central pour voir ce qu’il en est de sa main douloureuse. Malheureusement, c‘était en début de soirée d’un jour de Pâques . Je vous fais un petit résumé :
L’entrée aux urgences était un avertissement : « … on aurait dit un abattoir, y’avait du sang partout, des mecs en morceaux sur des brancards posés sur un carrelage d’une couleur indéfinie… ». Pour avoir testé ici les urgences des dispensaires, je garantis qu’il n’y a rien d’exagéré. Un médecin prescrit une radio de la main (ce que n’importe quel imbécile aurait pu faire, mais bon c’est comme partout : faut suivre la procédure).
Face au radiologue notre amie dresse un diagnostique rapide du spécialiste : il est complètement bourré . Forcément ça a considérablement rallongé l’opération. Enfin le radiologue ressort avec des radios en s’excusant d’emblée : « Ca a été un peu long, j’arrivais pas à régler le niveau du régulateur… ça arrêtait pas de bouger… mais j’ai réussi » et là il exhibe fièrement deux radios d’un pied… Après quelques temps il a fini par sortir deux radios de la main, mais impossible de dresser un diagnostique : « Y’a què’que chose, si si y’a què’que chose… Mais bon ça peut être une trace d’une ancienne fracture, comme ça peut être la trace d’une nouvelle fracture ».
Malgré tous ses efforts notre collègue n’a rien pu tirer de plus que « p’têt’ ben qu’oui, p’têt’ ben qu’non » et elle est repartie avec son amie et deux photos des os sa main et c’est tout.
- Comment faire pleurer un chien ?
Comme je l’avais signalé dans mon premier grommelle nous habitons un quartier en pleine construction. Pour ceux qui aiment les lignes c’est génial, y’a des centaines de photos à faire. Pour les autres il y a aussi de quoi se distraire et notamment en observant les aménagements, puis désaménagements, puis réaménagements etc. Par exemple, sur une belle route destinée à desservir de futures parcelles à construire avaient été installés des réverbères.
Il y a quelques temps a été décidé le traçage des routes perpendiculaires à cet axe ; routes destinées à conduire aux fameuses futures parcelles (toujours pas tracées, elles). Et là quelle ne fût pas notre surprise de remarquer qu’ils commençaient à damer et à goudronner non pas à partir de l’axe principal, mais à partir du milieu du terrain… surprenant, mais bon, pourquoi pas ?
Les plus perspicaces ont déjà deviné la suite : arrivés à l’intersection avec l’axe principale, les ouvriers sont tombés nez à nez avec un réverbère. Mais pas du tout décontenancés, ils ont mis du goudron autour et l’ont laissé là. Il a fallu attendre un mois pour qu’une autre équipe vienne ôter le réverbère planté au milieu de l’intersection.
Pendant un mois je me suis dit tous les jours en passant devant : « il faut que je prenne ça en photo », mais je ne l’ai pas fait. J’ai décidé de reconstituer la scène pour faire la photo… Pour la voir faudra me demander à notre retour.
-Une ambassade américaine ça se construit comment ?
Entre l’école et la maison, les américains ont décidé de se construire une nouvelle ambassade. Les gens qui ont vu des ambassades américaines en Afrique connaissent leur politique : ils annexent tout un quartier de la ville sous prétexte qu’ils ont peur de tout le monde .
Le terrain qu’ils ont choisit est donc immense et il semble qu’ils vont construire les bâtiments tout au fond… donc très loin de la route. Les ricains ayant les moyens, ils ont installé d’emblée une centrale à béton et des gros containers pleins de trucs mystérieux.
Le terrain à peine damé, ils ont installé un grillage de trois mètres avec en haut des retours garnis de barbelés. À l’intérieur de ce carré ils ont posé une autre clôture dans le même style, à environ 20 mètres de la première. Et tout au fond il y en a une troisième, toujours sur le même modèle. Tout autour de ce chantier ils ont installé, tout les 10 mètres, des réverbères de fortune qui éclairent le chantier toute la nuit… quand nous on se tape des coupures d’électricité de 8 heures sous prétexte qu’il n’y en a pas assez. Bref.
Mais le plus énorme c’est que les entreprises de construction et la plupart des employés de ces entreprises sont américains…
Bah ouais sinon n’importe quel imbécile pourrait avoir accès au plan, voire poser une surprise dans le terrain avant que l’on coule les chapes. Et dans un pays où plus de 50% de la population est d’obédience musulmane, le ricain se méfie. Et d’ailleurs pour finir ils ont installé une grande bâche sur la clôture extérieure, comme ça je ne peux même plus me moquer d’eux… Aucun humour ces ricains.
- La Pâque selon Mohamed
Mohamed est un élève de 5ème qui a donné une définition de ce qu’est la Pâque à ses camarades : « Pâque tu sais c’est là où les blancs i’ jettent du chocolat dans le jardin et les enfants i’ vont chercher après ».
Comme nous rigolons bien et bah ça va.
A plus.
Poup
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